Henri Clarke (Landrecies 1765
- Neuwiller 1818)

Né en 1765 à Landrecies,
le jeune Henri Clarke s'est destiné assez tôt à
la carrière des armes, sans doute inspiré par l'atmosphère
très militariste de la Landrecies du XVIIIème siècle.
Il servira tout d'abord dans l'armée royale sous des grades
subalternes. La révolution française lui offre l'occasion
de gravir les échelons.
Dès l'avènement de l'Empire
en 1804, Clarke sait se lier avec Napoléon, dont il devient
vite un homme de confiance. En 1806, le ministre de la guerre
se nommait Berthier. Son ministère fonctionnait bien, comme
le prouvent les victoires remportées par les troupes napoléoniennes
à cette époque, mais pourtant un problème
se fait jour : Berthier est également commandant, et lorsque
Napoléon s'en va en campagne, il doit partir avec lui,
quittant le ministère pour accompagner l'empereur. Dans
ces moments-là, il ne restait donc plus aucune autorité
supérieure au ministère de la guerre à Paris.
Il devenait de plus en plus évident que Berthier ne pouvait
plus être à la fois un ministre et un officier militaire.
Voilà pourquoi Napoléon
pensa à Clarke pour remplacer Berthier en qualité
de ministre de la guerre. Clarke fut ainsi nommé à
ce poste prestigieux le 9 août 1807.

Clarke se révéla vite
un brillant ministre, à la fois loyal et capable d'initiative.
Un de ses plus grands talents était d'écrire pour
Napoléon des rapports précis et objectifs à
propos d'un problème donné : l'empereur avait alors
coutume de répondre par un "Approuvé"
ou un "Désapprouvé". Napoléon laissait
une liberté d'action exceptionnelle à Clarke, car
il savait que le ministre réaliserait ses projets fidèlement
et à la lettre. De son côté, Clarke usait
de ce pouvoir avec beaucoup d'habileté et de parcimonie,
et uniquement si cela concordait avec les vues de l'empereur.
En 1809, Clarke trouva l'occasion de
se hisser au sommet de la gloire. Tandis que Napoléon,
bien loin du territoire français, était en campagne,
le ministre organisa avec succès la défense de la
Hollande (alors sous domination française) contre un assaut
des Anglais. Napoléon, fortement impressionné par
la compétence de ce zélé serviteur, le fit
duc de Feltre le 30 octobre de la même année. Henri
Clarke devint alors un des personnages les plus en vue de l'Empire.

Progressivement, pourtant, Clarke finit
par tomber en disgrâce aux yeux de l'Empereur. Plusieurs
raisons à cela. D'abord la conspiration du général
Malet en 1812 : à cette date, l'empereur est en campagne
en Russie. Le général Malet, cantonné à
Paris, répand la nouvelle que l'empereur serait mort au
combat, et tente ainsi de prendre le pouvoir. L'ambitieuse tentative
échouera (Malet sera fusillé), mais Napoléon
en voudra toujours à Clarke de n'avoir pas su intervenir
assez rapidement, d'autant plus qu'il était sur place.
La deuxième raison de la disgrâce
de Clarke réside dans le terrible échec de la campagne
de Russie, fin 1812. A tort ou à raison, Napoléon
impute le manque de préparation des troupes et la défaite
au malheureux ministre de la guerre, auquel il enlève du
pouvoir : en avril 1813 l'empereur nomme un certain Pierre Daru
à un poste important dans le ministère de la guerre
: très vite Daru, sans doute soutenu par Napoléon,
prend le pas sur le ministre et devient le véritable chef
du ministère.

En 1814, les ennemis sont aux portes
de Paris. Napoléon chargea officiellement Clarke de la
défense de la capitale. Mais en réalité,
cette mission fut confiée à un conseil de défense
spécialement crée, et Henri Clarke n'eut donc aucun
mot à dire.
Après l'abdication de Napoléon,
Clarke, à cause de toutes ces vexations, n'hésita
pas un instant à se rallier au nouveau pouvoir et à
Louis XVIII. Il prouva d'ailleurs sa loyauté à son
nouveau chef lors des "Cent jours" (le bref retour au
pouvoir de Napoléon, qui ne dura que 100 jours), puisqu'il
suivit le roi à Gand et ne retourna pas à son ancien
maître. Louis XVIII lui fut toujours reconnaissant de ce
choix : une fois revenu au pouvoir, il le re-nomma ministre de
la guerre. En juillet 1816, le roi l'éleva à la
prestigieuse dignité de maréchal de France.

Au comble des honneurs, le maréchal
Clarke se retira du service en 1816 et mourut l'année suivante.
A Landrecies, une caserne à son nom et une plaque commémorative
dans l'église rappellent qu'il s'agit de sa ville natale.