Joseph-François Dupleix (Landrecies 1697 - Paris 1763)

Contrairement à ce que beaucoup de Landreciens croient, Joseph-François Dupleix a très peu vécu à Landrecies. Sa famille est originaire du centre de la France. Dupleix lui-même, après être né au n°6 de la rue d'Aerschot le 1er janvier 1697 à Landrecies, ne restera dans la petite ville nouvellement française qu'un an, avant que ses parents l'emmènent en Bretagne où il passera toute la première partie de sa vie. Quoi qu'il en soit, Landrecies tient précieusement à son statut de ville natale, et elle restera sans doute toujours comme telle dans les mémoires.

Le 21 mai 1950, sur l’initiative de M. André Bonnaire, maire de Landrecies et conseiller Général, a eu lieu l’inauguration d’une plaque en marbre blanc sur la maison natale de Dupleix.

Après donc sa jeunesse passée en Bretagne, Dupleix se trouve une vocation et rentre dans la Compagnie française des Indes : cette organisation, fondée en 1719, avait pour fonction de commercer entre la France et ses colonies, notamment les comptoirs français de l'Inde comme Chandernagor. Dupleix gravit habilement les échelons au sein de la compagnie, et c'est précisément le gouverneur de Chandernagor qu'il devient en 1731. Son ascension ne s'arrête pas là, puisqu'il est enfin promu au rang suprême, celui de gouverneur général de la Compagnie, en 1742.

En 1742, justement, la guerre de succession d'Autriche fait rage en Europe. Sans entrer dans les détails, il faut savoir qu'elle opposa notamment la France et l'Angleterre. En Inde, les comptoirs français et les comptoirs anglais vont donc s'affronter. Dupleix, à la tête des troupes coloniales françaises, va réaliser des prouesses remarquables, et prendre le pas sur les colons anglais : avec l'aide des navires du fameux La Bourdonnais, il conquit Madras en 1746. En 1748, il forcera avec succès les Anglais à abandonner le siège de Pondichéry, comptoir français.

Dupleix ; Panneau décoratif en céramique datant de 1955, par Bernard Pinzana

Malheureusement, les affaires françaises vont moins bien en Europe, et l'Angleterre prend jour après jour plus d'avantages. Voilà pourquoi est signé le traité franco-anglais d'Aix-la-Chapelle : l'Angleterre fait à la France quelques concessions en Europe, mais en échange les conquêtes de Dupleix en Inde sont annulées. Le pauvre gouverneur des Indes se sera donc démené en vain !

Dupleix, pourtant, ne se décourage pas, et tente de restaurer l'influence française d'une autre manière. Cette fois, en allant jusqu'à puiser dans ses ressources financières personnelles, il fait le choix d'intervenir directement dans les affaires des princes indigènes et de placer ces derniers sous la protection de la France. Autrement dit, il instaure la domination française dans certaines régions de l'Inde en établissant des protectorats coloniaux. Ce sera le cas dans le Carnatic et sur la côte de Circars.

Encore une fois, hélas, les efforts de Dupleix seront inutiles. Le baron Robert Clive, chef des troupes anglaises en Inde (lesquelles sont toujours en guerre contre la France malgré le traité d'Aix), va remporter plusieurs victoires contre les Français et leurs protectorats.

Le siège de la Compagnie des Indes à Paris, mécontent des déconvenues de Dupleix et de sa politique jugée trop audacieuse, le rappelle en France en 1754. Pour l'ex-gouverneur, c'est la disgrâce : l'oeuvre de sa vie (la suprématie française en Inde) fut abandonnée par la Compagnie. Il se réfugie dans ses appartements parisiens, et ne voyagera plus jamais. L'Angleterre, lors d'une nouvelle guerre avec la France (la guerre de sept ans, de 1756 à 1763), fait subir des défaites catastrophiques aux comptoirs français, notamment à Plassey en 1757.

Statue de Dupleix à Pondichéry, en Inde. Landrecies et Pondichéry sont les deux seules villes au monde à posséder une statue de ce personnage.

La fin de la guerre de sept ans fut décidée au traité de Paris de 1763. La France perd la plus grande partie de son empire colonial et ne conserve que cinq comptoirs en Inde. Quelques mois plus tard, le 13 novembre, Dupleix s'éteint à Paris. Il n'aura jamais pu être remboursé des sommes investies autrefois pour sa Compagnie.

 

Suite : Henri Clarke (1765 - 1818)