I) Préhistoire, Antiquité
et Haut Moyen-Âge (jusqu'en 843)
Bien que la ville de Landrecies proprement
dite n'existe que depuis le VIIème siècle environ,
on a la preuve que le territoire de la commune fut occupé
déjà bien avant, et ce dès la préhistoire.
De nombreux outils primitifs ont été retrouvés
et montrent que Landrecies servait alors de lieu de passage pour
les tribus nomades, ou de lieu de résidence pour les tribus
sédentaires.
(Silex, Coll. particulière)
Ci-dessus, quelques-uns des silex découverts
récemment à Landrecies. Ceux du bas sont des outils
assez gros et pouvaient servir de percuteur, de pic, de grattoir
ou encore de rabot. Ceux du haut, en revanche, beaucoup plus fins,
avaient probablement d'autres fonctions : pointes et armatures
de flèches, lamelles...
Jusqu'à l'invasion romaine vers
50 avant J.-C, on possède en fait assez peu d'informations,
non seulement en ce qui concerne Landrecies mais aussi à
propos de tout le département du Nord. Tout ce que l'on
sait, c'est que les Belges, d'origine celtique, s'installent dans
la région au IIIème siècle avant J.-C . Une
tribu belge en particulier, les Nerviens, aurait pris possession
du territoire landrecien. Il existe d'ailleurs une "rue des
Nerviens" aujourd'hui.
La période romaine (50 av.J-C
- 406) voit se développer dans tout le Nord une riche civilisation
rurale portée par la culture du blé et l'élevage
des moutons. Il s'agit de la première époque où
l'on peut affirmer avec certitude que le territoire de Landrecies
était occupé par une population permanente et même
prospère.
Il y a notamment une raison de le croire
: le fait qu'on ait retrouvé de nombreux vestiges gallo-romains,
et en particulier des pièces de monnaie, jetées dans
la Sambre par quelques superstitieux il y a plus de deux mille
ans, et repêchées récemment près du
pont actuel !
Landrecies, si elle était habitée,
n'était toutefois pas une cité importante, ce privilège
revenant à sa voisine Bagacum (aujourd'hui Bavay).
A partir du IIIème siècle,
les incursions des barbares, en particulier des Francs, se font
de plus en plus fréquentes. Elles sont synonymes de pillage,
de destruction et de ruine pour les riches cités nordiques.
Bien qu'on ne dispose d'aucune source, il y a tout lieu de croire
que le modeste territoire de Landrecies n'a pas fait exception.
En 406, c'est la débâcle : les barbares déferlent
sur la Gaule du Nord et mettent fin à la paix romaine.
C'est probablement à cette date que la première
ébauche de Landrecies est rasée...
Arrive alors la période mérovingienne,
dont l'histoire dans le Nord est assez floue. De petits rois locaux
sans grande importance se succèdent dans une région
en ruines sans aucun centre viable. A partir du VIème siècle,
toutefois, une nouvelle urbanisation s'opère grâce
au développement du christianisme : évêchés
et monastères favorisent la reconstruction de petits centres
urbains. En ce qui concerne Landrecies, il faut citer l'apport
précieux de l'abbaye de Maroilles, fondée vers 650.
Les moines maroillais ont entamé une gigantesque entreprise
de défrichage aux alentours du territoire de Landrecies,
ce qui facilite la renaissance, vers le VIIème siècle,
d'une petite bourgade sur la rive gauche de la Sambre, à
l'emplacement de l'actuelle Ville basse.
Selon quelques auteurs, c'est à
cette époque que Landrecies aurait pris son nom, et ce
grâce à un certain Landri. Landri était le
Maire du Palais (c'est-à-dire le premier ministre) d'un
roi mérovingien dénommé Chilpéric
1er, petit-fils de Clovis, qui régnait alors sur le nord
de la France (la Neustrie). A en croire la légende, c'est
donc Landri qui aurait fondé la cité de Landerictacus
("domaine de Landri") vers l'an 580 ou 590.
Cette étymologie reste cependant
douteuse, car elle semble tenir davantage du mythe que de l'histoire.
Qui plus est, Landrecies n'en tirerait aucune fierté si
cette hypothèse était confirmée : Landri
était en effet un personnage trouble. En 584, il aurait
comploté avec la propre femme de Chilpéric, Frédégonde,
pour assassiner le roi et prendre le pouvoir. Bref, les Landreciens
ne tiennent pas trop à avoir pour ancêtre un traître
et un meurtrier...!
En l'an 800, c'est l'avènement
de l'empire de Charlemagne. L'Europe de l'Ouest s'unifie enfin
sous la bannière d'un seul homme. Mais cette unité
sera de courte durée : en 843, le célèbre
traité de Verdun divise l'empire en trois, afin de le partager
entre les héritiers du trône. Il s'agit là
d'une date fondamentale pour Landrecies : en effet la frontière
entre le royaume le plus à l'ouest (Francia occidentalis)
et celui du milieu passe par l'Escaut (rivière à
l'ouest de Landrecies bordant aujourd'hui Valenciennes). En clair,
cela veut dire que le territoire landrecien ne fait pas partie
de la Francia occidentalis, et qu'il se trouve rejeté dans
le royaume fortement germanisé de Lothaire, qui comprend
des villes comme Cologne ou Aix-la-Chapelle !
Landrecies serait-elle en passe de
devenir une contrée germanique ?