I) Préhistoire, Antiquité et Haut Moyen-Âge (jusqu'en 843)

 

Bien que la ville de Landrecies proprement dite n'existe que depuis le VIIème siècle environ, on a la preuve que le territoire de la commune fut occupé déjà bien avant, et ce dès la préhistoire. De nombreux outils primitifs ont été retrouvés et montrent que Landrecies servait alors de lieu de passage pour les tribus nomades, ou de lieu de résidence pour les tribus sédentaires.

De bien vieux cailloux... (Silex, Coll. particulière)

Ci-dessus, quelques-uns des silex découverts récemment à Landrecies. Ceux du bas sont des outils assez gros et pouvaient servir de percuteur, de pic, de grattoir ou encore de rabot. Ceux du haut, en revanche, beaucoup plus fins, avaient probablement d'autres fonctions : pointes et armatures de flèches, lamelles...

Jusqu'à l'invasion romaine vers 50 avant J.-C, on possède en fait assez peu d'informations, non seulement en ce qui concerne Landrecies mais aussi à propos de tout le département du Nord. Tout ce que l'on sait, c'est que les Belges, d'origine celtique, s'installent dans la région au IIIème siècle avant J.-C . Une tribu belge en particulier, les Nerviens, aurait pris possession du territoire landrecien. Il existe d'ailleurs une "rue des Nerviens" aujourd'hui.

La période romaine (50 av.J-C - 406) voit se développer dans tout le Nord une riche civilisation rurale portée par la culture du blé et l'élevage des moutons. Il s'agit de la première époque où l'on peut affirmer avec certitude que le territoire de Landrecies était occupé par une population permanente et même prospère.

La Gaule du nord sous le règne de l'empereur Trajan (98-117). Le territoire landrecien (en vert) se situait alors dans la province de Belgique.

Il y a notamment une raison de le croire : le fait qu'on ait retrouvé de nombreux vestiges gallo-romains, et en particulier des pièces de monnaie, jetées dans la Sambre par quelques superstitieux il y a plus de deux mille ans, et repêchées récemment près du pont actuel !

Une rivière pleine de ressources !

Landrecies, si elle était habitée, n'était toutefois pas une cité importante, ce privilège revenant à sa voisine Bagacum (aujourd'hui Bavay).

A partir du IIIème siècle, les incursions des barbares, en particulier des Francs, se font de plus en plus fréquentes. Elles sont synonymes de pillage, de destruction et de ruine pour les riches cités nordiques. Bien qu'on ne dispose d'aucune source, il y a tout lieu de croire que le modeste territoire de Landrecies n'a pas fait exception. En 406, c'est la débâcle : les barbares déferlent sur la Gaule du Nord et mettent fin à la paix romaine. C'est probablement à cette date que la première ébauche de Landrecies est rasée...

Arrive alors la période mérovingienne, dont l'histoire dans le Nord est assez floue. De petits rois locaux sans grande importance se succèdent dans une région en ruines sans aucun centre viable. A partir du VIème siècle, toutefois, une nouvelle urbanisation s'opère grâce au développement du christianisme : évêchés et monastères favorisent la reconstruction de petits centres urbains. En ce qui concerne Landrecies, il faut citer l'apport précieux de l'abbaye de Maroilles, fondée vers 650. Les moines maroillais ont entamé une gigantesque entreprise de défrichage aux alentours du territoire de Landrecies, ce qui facilite la renaissance, vers le VIIème siècle, d'une petite bourgade sur la rive gauche de la Sambre, à l'emplacement de l'actuelle Ville basse.

L'abbaye de Maroilles aujourd'hui

Selon quelques auteurs, c'est à cette époque que Landrecies aurait pris son nom, et ce grâce à un certain Landri. Landri était le Maire du Palais (c'est-à-dire le premier ministre) d'un roi mérovingien dénommé Chilpéric 1er, petit-fils de Clovis, qui régnait alors sur le nord de la France (la Neustrie). A en croire la légende, c'est donc Landri qui aurait fondé la cité de Landerictacus ("domaine de Landri") vers l'an 580 ou 590.

Cette étymologie reste cependant douteuse, car elle semble tenir davantage du mythe que de l'histoire. Qui plus est, Landrecies n'en tirerait aucune fierté si cette hypothèse était confirmée : Landri était en effet un personnage trouble. En 584, il aurait comploté avec la propre femme de Chilpéric, Frédégonde, pour assassiner le roi et prendre le pouvoir. Bref, les Landreciens ne tiennent pas trop à avoir pour ancêtre un traître et un meurtrier...!

En l'an 800, c'est l'avènement de l'empire de Charlemagne. L'Europe de l'Ouest s'unifie enfin sous la bannière d'un seul homme. Mais cette unité sera de courte durée : en 843, le célèbre traité de Verdun divise l'empire en trois, afin de le partager entre les héritiers du trône. Il s'agit là d'une date fondamentale pour Landrecies : en effet la frontière entre le royaume le plus à l'ouest (Francia occidentalis) et celui du milieu passe par l'Escaut (rivière à l'ouest de Landrecies bordant aujourd'hui Valenciennes). En clair, cela veut dire que le territoire landrecien ne fait pas partie de la Francia occidentalis, et qu'il se trouve rejeté dans le royaume fortement germanisé de Lothaire, qui comprend des villes comme Cologne ou Aix-la-Chapelle !

Le territoire landrecien (en vert) coupé du territoire français au traité de Verdun en 843, et rattaché au royaume de Lothaire (rayures roses)

Landrecies serait-elle en passe de devenir une contrée germanique ?

 

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